Beurgh.
Le goût poivré mais fade de la fumée secondaire des cigarettes hivernales m'étreint l'esprit pendant un moment. L'envie me prend de me brûler une petite clope autour de ces gens baisant avec leur bière dans l'espoir de mettre les mains sur quelque chose, ou quelqu'un de nouveau. Pas pour rien qu'une bière porte une robe et a une teinte capillaire particulière. J'ai un goût pour la bière comparable mon bon goût côté femmes. Problème est que je ne peux jamais les apprécier à leur juste mesure, aimant ma bière très froide, cachant les effluves dégagées par le breuvage. La comparaison s'arrête là, car les parfums féminins me rendent tristement fous, ayant le nez d'un fox terrier. J'aurais voulu des meilleurs yeux seigneur.
Lâche et las, la fumée expirée reste suspendue pendant un court moment avant de s'évaporer comme si rien n'était. J'ai l'impression d'avoir laissé partir un peu de moi même, chaque bouffée criant pour un retour à mes poumons avant de se dissoudre dans l'absolu, accompagnés d'un soupir. Je plains presque ces bouffées de poison. Feignant un sourire je regarde par dessus mon épaule, et utilisant le truc "je-cherche-un-ami-mais-en-fait-je-la-regarde-de-travers" je l'entrevois, souriante comme toujours, sirotant sur dieu sait quel breuvage qui est en spécial au bar aujourd'hui. Je n'existe pas, comme d'habitude. D'ailleurs, je ne veux pas exister. Mettre ma vie hors de ses rails seulement pour jouer à la roulette russe de l'amour m'a déçu assez de fois, et ce n'est que mon mécanisme de défense qui est entré en jeu. Je m'exècre pour être un lâche, mais au fin fond de moi, j'en suis reconnaissant. C'est ce qui me permet de me regarder encore dans le miroir en se disant: "Non, t'es quand même pas trop pire, t'inquiètes.", malheureusement ce qui me permet encore de me réveiller les membres entremêlés à mes couvertures, ne se rappellant jamais quel cauchemar a bien pu hanter notre nuit de sommeil pourtant ravigorante. Je suis vacciné contre les rêves, le mal de l'imagination débridée et tortionnaire. Ramper est-il de nature? Les étoiles sur mes genoux sont-ils qu'illusion?
Bah.
Ce qui importe c'est que cette demoiselle est douloureusement heureuse. Bordel, je me sens comme la grande faucheuse ces jours-ci. Fumer la mort lente ne donne pas un sens à ma vie, nuance, mais une direction. Comme ces étudiants dans l'histoire d'une autre brique dans le mur, deuxième partie, je suis sur un convoyeur vers l'abattoir. Du hachis mi-maigre, modestement. Tout ce qui me reste à faire c'est de mettre ce mégot dans la bière d'un mec et espérer que j'en ressors gagnant. Que je fasse saigner mes jointures sur la tempe d'un inconnu serait la meilleure chose à faire ce soir.
-Jack-